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Les nouvelles taxes chinoises sur le porc inquiètent les producteurs

« Si le cinquième quartier (queues, pieds…) n’est plus valorisé, l’équilibre carcasse sera remis en cause avec une répercussion sur l’ensemble de la carcasse et une baisse du prix du kilo de porc », selon les CRP Bretagne, Pays de la Loire et l’Arip Normandie.

À l’occasion du Space, les comités régionaux porcins de Bretagne et des Pays de la Loire ont fait le point sur la conjoncture porcine qui s’annonce moins favorable à la suite des annonces de nouvelles taxes chinoises sur le porc.

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1,63 €/kg, c’est la cotation du porc français le jeudi 18 septembre au MPF (Marché du porc français) accusant un nouveau repli de 2,8 centimes. « Nous assistons à un effondrement du prix depuis le début de septembre avec des baisses marquées à chaque nouvelle cotation », s’est inquiété Mickaël Guilloux, président du Comité régional porcin (CRP) des Pays de la Loire lors d’une conférence de presse le 18 septembre organisée par les CRP Bretagne et Pays de la Loire et l’Arip Normandie.

De droite à gauche, Michel Bloc’h, vice-président du CRP Bretagne, Carole Joliff, présidente du CRP Bretagne, Mickaêl Guilloux, président du CRP des Pays de la Loire, Jean-François Osmond, Association interrégionale porcine de Normandie. (©  Isabelle Lejas)

Prix en recul

En fait, le prix décroche depuis la fin de juillet avec des premières baisses qui se sont accentuées pendant le mois d’août alors qu’en principe il s’agit d’une période porteuse en termes de tarif. Un recul d’autant plus surprenant que la consommation est stable. « Nous avons un marché moins fluide que l’an passé lié à l’offre importante de mâle entier qui déstabilise le marché classique mais ce n’est pas un marché de crise », assure le producteur. Carole Joliff, présidente du CRP Bretagne, pointe « une surréaction des abatteurs qui renforcent la pression à la baisse ».

L’annonce par la Chine de la mise en place, à compter du 10 septembre, de taxes douanières supplémentaires (de 20 à 62 % selon les entreprises) apporte son lot d’incertitudes. Sous couvert d’ une enquête anti-dumping sur le porc européen, ces taxes seraient une réponse aux surtaxes européennes sur les véhicules électriques chinois imposées par Bruxelles.

Equilibre carcasse remis en cause

La Chine est le débouché principal (115 000 tonnes) de la France pour certaines pièces (têtes, pieds, queues…) non consommées dans l’Hexagone. « Avec un tel niveau de taxation, le marché pourrait se fermer. L’équilibre de la carcasse pourrait être remis en cause entraînant de nouvelles baisses de prix au producteur », selon Carole Joliff.  La non-valorisation de ces pièces représenteraient près de 8 à 10 centimes d'euro/kg. Surtout, les producteurs craignent des conséquences en chaîne. Le marché français est le principal marché de dégagement des espagnols s’ils ne peuvent plus exporter vers la Chine avec des prix défiants toute concurrence.

L’agriculture risque encore une fois d’être une victime collatérale de la guerre commerciale. « C’est la Commission européenne qui a décidé d’imposer des taxes aux produits chinois qui rentrent sur notre territoire. Il serait temps qu’elle se saisisse du dossier pour rétablir cette distorsion de concurrence », alerte Mickaël Guilloux. Il rappelle aussi le rôle capital des outils collectifs comme le MPF et l’AOP (association des organisations de producteurs) pour défendre les prix : « Alors que la conjoncture se ternit, il y a du sens à retrouver du collectif pour défendre les intérêts des producteurs pour aller vendre demain. »

« Dans ce contexte, le logo “Le Porc français” reprend toute son importance pour contrer des importations qui ne respectent pas les mêmes normes que nous » estime, pour sa part, Michel Bloc’h, vice-président du CRP Bretagne. Il devient crucial que chacun joue le jeu, consommateurs, industriels, grande distribution, afin de soutenir une production nationale fortement exposée à la guerre des prix.

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